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#Méthode 2. Cadre

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    Cadre

    Plus globalement notre projet nous a obligés à reposer la question même de la définition de la littérature. Le cadre était donc très large…

    Qu’est-ce que la littérature ? A cette question faussement simple on peut apporter plusieurs réponses qui insistent sur la particularité du texte littéraire par rapport à un texte « commun ». La littérature commence où la grammaire finit. Char disait « La poésie, c’est le contraire du télégramme ». La littérature c’est l’art verbal. La littérature c’est un écrit qui n’a pas de fonction utilitaire. La littérature c’est écrire avec style. La littérature commence avec la rature (ou l’effacement informatique…). Autant de définitions qui délimitent bien un champ mais aux frontières toujours floues (1) et en permanence réinterrogées comme le sont aussi, et de manière plus spectaculaire, les frontières des arts plastiques.

    Nous pouvons aussi utiliser des outils qui ont fait leurs preuves : la classification générique. La littérature c’est l’ensemble des romans, de la poésie, du théâtre, des essais. Quatre genres relativement clairs sauf celui des « essais » qui flirte notamment avec la philosophie ou les autres sciences humaines. Que fallait-il faire avec ces textes là ? Difficile de les ignorer d’autant qu’ils ont souvent une place essentielle dans notre culture. Nous avons là-aussi délibérément tranché au coup par coup, en se référant plutôt à une notion de « littérature d’idées » et en évaluant leur intérêt dans notre « collection » en fonction de leurs qualités littéraires en plus de l’intérêt de leur propos.

    Difficile néanmoins de distinguer un livre « de sagesse » ou celui d’un « moraliste » d’un livre de philo… Et que faire des livres sacrés, des grands récits légendaires et mythologiques, de ces fameux « textes fondateurs » des grandes civilisations ?

    Le mieux est peut-être de parler plutôt de « littérarité » , qualité littéraire formelle d ‘un texte quel qu’il soit et qui peut transformer un texte religieux, par exemple, en poème universel… C’est en tout cas l’une des plus grandes difficultés que nous avons rencontrées. La possibilité d’une liste différente a été évoquée. Nous avons finalement retenu l’idée d’une seule grande famille littéraire…

    Les oeuvres autobiographique, depuis au moins Montaigne, ne pose plus trop la question de leur légitimité littéraire et bien sûr nous les avons incluses si nous l’avons jugé nécessaire.

    Mais fallait-il en rester à la littérature française, ou plutôt : francophone  ? C’eut été sage… Mais soyons fous ! A petite dose, en fonction de leur place notamment patrimoniale, nous avons donc également inclus quelques références incontournables (mais toujours réévaluées sans tabou) de cette littérature « étrangère » (hormis les textes de l’Antiquité qui sont finalement comme « assimilés » à la littérature française). Comment pouvait-il en être autrement en pensant à notre bibliothèque ultime qui ne peut être que « mondiale » ?

    Oui, mais alors, pourquoi pas aussi la BD ? Les « romans graphiques » ? La tentation était grande, tant la qualité de la production est remarquable en ce domaine. Difficile de ne pas emporter les «Idées noires » de Frankin, « Quartier lointain » de Taniguchi, ou « Le combat ordinaire » de Manu Larcenet… Peut-être le fera-t-on tout de même, plus tard…

    Je ne partirai pas en tout cas, en ce qui me concerne, sans un dictionnaire (Petit Larousse ? Petit Robert ?) et sans mon premier livre d’apprentissage de la lecture, le fameux « Boscher ». Car tout a commencé là… Et si notre bibliothèque idéale venait à disparaitre, tout pourrait toujours recommencer avec ces deux livres magiques...

     

    (1) Pour toutes ces questions on ne peut que fortement conseiller la lecture de 

    « Le démon de la théorie – Littérature et sens commun » (1998) de Antoine Compagnon et « Le plaisir du texte » (1973) de Roland Barthes, ainsi que leurs leçons inaugurales au Collège de France : « La littérature, pour quoi faire » (2006) et « Leçon » (1977).