Le Divan (Goethe)
par Rémi Matalon
Confronter l’esprit allemand à l’âme orientale, tout en respectant la tradition de chacune des deux cultures, est le projet d’équilibriste qu’a entrepris Goethe en 1814, à l’âge de 65 ans.
Dans le même temps, le poète vieillissant, amoureux d’une jeune femme de 35 ans sa cadette, va devoir confronter sa maturité à la jeunesse de son amoureuse.
Le « Divan d’orient et d’occident » est un exercice de funambulisme sur le fil tendu entre deux cultures et entre deux âges de la vie.
Le symbole suprême de ce recueil qui en est rempli se trouve, pas forcément par hasard, précisément au centre du volume. Il évoque à la fois la ligne de partage et l’alchimie de l’alliance entre orient et occident, féminin et masculin, jeunesse et vieillesse. Il s’agit du court poème « Ginkgo Biloba » que je cite ici dans son intégralité pour vous convaincre de conserver précieusement ce livre dans votre bibliothèque idéale :
Venue d’Orient, la feuille de cet arbre,
Qui a été confiée à mon jardin,
Donne à gouter un sens secret
Aux initiés qu’il édifie.
Est-ce Un seul être vivant
Qui se scinde en lui-même ?
Ou bien Deux qui se sont choisis
Pour qu’on les saisisse en Un ?
Pour répondre à cette question
J’ai, pour sûr, trouvé le sens exact :
Ne sens-tu pas à travers mes chants
Que je suis à la fois Un et double ?