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La bibliothèque idéale de l'UTL ... - Page 14

  • Catégories : #Méthode 4. Listes

    Listes

     

     

    Bien sûr nous avons d’abord songé à une liste contrainte donc limitée par convention préalable. Je suggérais le nombre 21, résultat d’une longue pratique de « l ‘art des listes ». Pourquoi 21 ? Pourquoi pas ! Nombre arbitraire mais néanmoins le double de 10, nombre normatif et base de notre numération, et + 1 pour en faire un nombre impair qui dit la continuation possible… Jouons ! A la manière des joyeux et géniaux « oulipiens » (Raymond Queneau, Georges Pérec, Jacques Roubaud) qui s’imposaient des règles pour créer des textes improbables : lipogrammes, exercices de style… Nous avons collectivement décidé de ne pas nous en tenir dans un premier temps à une liste limitée mais j’ai insisté pour que, in fine, nous nous imposions néanmoins cette contrainte pour une liste encore plus « ultime » ! Et pourquoi pas aussi une liste de 21 livres, et non seulement de la littérature. Sacré défi ! Ou bien de recomposer notre liste par genres soumis à cette règle du « 21 »…

    Dans un premier temps (2 séminaires successifs) nous avons parcouru l’histoire de la littérature en faisant des choix mais sans se donner un nombre imposé. Fallait-il faire plusieurs listes ? Nous avons opté pour une liste classiquement chronologique où chaque choix est brièvement justifié, mais nous avons aussi parfois ajouté une liste de « refusés » dont la justification nous semblait nécessaire…

    La question d’une liste différente pour la littérature « d’idées » s’est posée aussi rapidement, mais nous avons préféré inclure ces œuvres qui, de fait, sont déjà la plupart du temps présentes dans les anthologies de littérature. Nous gardons la possibilité de faire une liste des 21 essais  indispensables, sans oublier de rappeler que la littérature dans ce qu’elle a de plus noble est aussi une tentative toujours recommencée, à sa manière, de penser le monde, l’homme, et la vie…

     

     

     

     

  • Catégories : #Méthode 3. Critères

    Critères

    Une fois posés les objectifs et le cadre défini, quels furent nos critères ?

    Nous en avons déjà parlé ci-dessus. Deux tendances ont émergé : intérêt patrimonial, plaisir de lecture. Mais deux autres critères sont venus rapidement s’imposer et se croiser avec ceux-là. Plus qu’un plaisir de lecture il s’agit d’imaginer un plaisir de relecture. L’œuvre de qualité (chef d’œuvre ?) est celle que l’on peut relire (au moins partiellement) sans se lasser et sans en épuiser les significations… Si nous devions émigrer sur une autre planète il faut imaginer un lecteur heureux et non une collection de livres que plus personne n’aurait envie de lire même s’ils sont jugés « essentiels ».

    Autre critère : la trace d’une expérience de lecture indélébile. Quelques « grands » livres, ou parfois des « petits », nous ont laissé d’impérissables souvenirs d’un moment de lecture exceptionnel, une sorte d’extase du lecteur, pour des raisons évidemment diverses selon chaque œuvre, et peut-être aussi selon chaque individu. Ces livres là ont fait l’objet d’une attention particulière. Certes chacun a, en la matière, sa propre histoire de lecteur. Mais le groupe a accepté de faire confiance aux témoignages de ces « épiphanies » littéraires et de les partager dans la liste commune…

    « Certains ont une bibliothèque comme des eunuques ont un harem » (Hugo). On le voit il ne s’agissait pas ici d’une bibliothèque décorative mais bien d’oeuvres que, parfois certes avec un petit effort, nous serions toujours heureux de retrouver. Autrement dit des livres de bonne compagnie ? Puisque les livres sont des amis, l’’essentiel, finalement, n’est-il pas d’être bien entourés ? Nous espérons avoir convoqué une belle équipe de joyeux compagnons car « la seule fin de la littérature est de rendre les lecteurs capables de mieux jouir de la vie ou de mieux la supporter » (Samuel Jonhson). Evasion ou invasion, savoir ou saveur, qu’importe pourvu qu’on ait l’ivresse !

     

     

     

     

     

     

  • Catégories : #Méthode 2. Cadre

    Cadre

    Plus globalement notre projet nous a obligés à reposer la question même de la définition de la littérature. Le cadre était donc très large…

    Qu’est-ce que la littérature ? A cette question faussement simple on peut apporter plusieurs réponses qui insistent sur la particularité du texte littéraire par rapport à un texte « commun ». La littérature commence où la grammaire finit. Char disait « La poésie, c’est le contraire du télégramme ». La littérature c’est l’art verbal. La littérature c’est un écrit qui n’a pas de fonction utilitaire. La littérature c’est écrire avec style. La littérature commence avec la rature (ou l’effacement informatique…). Autant de définitions qui délimitent bien un champ mais aux frontières toujours floues (1) et en permanence réinterrogées comme le sont aussi, et de manière plus spectaculaire, les frontières des arts plastiques.

    Nous pouvons aussi utiliser des outils qui ont fait leurs preuves : la classification générique. La littérature c’est l’ensemble des romans, de la poésie, du théâtre, des essais. Quatre genres relativement clairs sauf celui des « essais » qui flirte notamment avec la philosophie ou les autres sciences humaines. Que fallait-il faire avec ces textes là ? Difficile de les ignorer d’autant qu’ils ont souvent une place essentielle dans notre culture. Nous avons là-aussi délibérément tranché au coup par coup, en se référant plutôt à une notion de « littérature d’idées » et en évaluant leur intérêt dans notre « collection » en fonction de leurs qualités littéraires en plus de l’intérêt de leur propos.

    Difficile néanmoins de distinguer un livre « de sagesse » ou celui d’un « moraliste » d’un livre de philo… Et que faire des livres sacrés, des grands récits légendaires et mythologiques, de ces fameux « textes fondateurs » des grandes civilisations ?

    Le mieux est peut-être de parler plutôt de « littérarité » , qualité littéraire formelle d ‘un texte quel qu’il soit et qui peut transformer un texte religieux, par exemple, en poème universel… C’est en tout cas l’une des plus grandes difficultés que nous avons rencontrées. La possibilité d’une liste différente a été évoquée. Nous avons finalement retenu l’idée d’une seule grande famille littéraire…

    Les oeuvres autobiographique, depuis au moins Montaigne, ne pose plus trop la question de leur légitimité littéraire et bien sûr nous les avons incluses si nous l’avons jugé nécessaire.

    Mais fallait-il en rester à la littérature française, ou plutôt : francophone  ? C’eut été sage… Mais soyons fous ! A petite dose, en fonction de leur place notamment patrimoniale, nous avons donc également inclus quelques références incontournables (mais toujours réévaluées sans tabou) de cette littérature « étrangère » (hormis les textes de l’Antiquité qui sont finalement comme « assimilés » à la littérature française). Comment pouvait-il en être autrement en pensant à notre bibliothèque ultime qui ne peut être que « mondiale » ?

    Oui, mais alors, pourquoi pas aussi la BD ? Les « romans graphiques » ? La tentation était grande, tant la qualité de la production est remarquable en ce domaine. Difficile de ne pas emporter les «Idées noires » de Frankin, « Quartier lointain » de Taniguchi, ou « Le combat ordinaire » de Manu Larcenet… Peut-être le fera-t-on tout de même, plus tard…

    Je ne partirai pas en tout cas, en ce qui me concerne, sans un dictionnaire (Petit Larousse ? Petit Robert ?) et sans mon premier livre d’apprentissage de la lecture, le fameux « Boscher ». Car tout a commencé là… Et si notre bibliothèque idéale venait à disparaitre, tout pourrait toujours recommencer avec ces deux livres magiques...

     

    (1) Pour toutes ces questions on ne peut que fortement conseiller la lecture de 

    « Le démon de la théorie – Littérature et sens commun » (1998) de Antoine Compagnon et « Le plaisir du texte » (1973) de Roland Barthes, ainsi que leurs leçons inaugurales au Collège de France : « La littérature, pour quoi faire » (2006) et « Leçon » (1977).

     

     

     

  • Catégories : #Méthode 1. Objectifs

    Objectifs

    Ils sont évidemment multiples dans leurs formulations même si le projet est clair dans son approche : décider de choisir et de s’interroger sur cette littérature « de garde » (comme on le dit d’un vin qui résiste au temps, voire se bonifie).

    Ces formulations reposent des problèmes clés autour de la littérature : qu’est-ce qu’un classique ? Qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre ? Nous avons convoqué alors, entre autres, Italo Calvino ( « Pourquoi lire les classiques ? ») et Charles Dantzig (« A propos des chefs-d’œuvre »). Mais doit-on « se fier » à des notions qui peuvent paraître conservatrices et transmettre un héritage souvent figé ? Peut-on croire en des œuvres vraiment universelles, intemporelles ? Doit-on admettre une forme d’obsolescence pour certains « phares»  de la littérature?

    Nous imaginons une bibliothèque idéale, mais quel est cet « idéal » ? Est-il patrimonial ? Quelle place doit-il accorder à l’héritage culturel, à la transmission, et en même temps au plaisir de lecture ? Comment concilier l’objectivité d’une valeur reconnue comme incontestable pour des œuvres « majeures » et la subjectivité du goût pour des œuvres a priori plus « mineures » ? Dans quelle mesure cette bibliothèque « ultime », définitive, pouvait-elle vraiment être collective ? Devait-on inclure systématiquement des œuvres balises, témoins d’une époque, références culturelles dont la postérité a prouvé la « solidité » ? N’oublions pas que nous prétendons embarquer cette bibliothèque dans un vaisseau lancé vers le futur…

    En fin de compte, c’est en gardant toutes ces questions à l’esprit, et en tranchant au coup par coup que nous avons constitué notre liste. Mais surtout nous avons toujours pensé à l’idée d’une « collection », savant dosage d’œuvres « incontournables » de l’histoire de la littérature et d’œuvres moins évidentes a priori. Nous avons toujours privilégié cette vision d’ensemble pour faire de cette liste anthologique, ce bouquet, une « composition » équilibrée, n’hésitant pas, par exemple, à valoriser sciemment les écritures féminines pour équilibrer un corpus historiquement essentiellement masculin.

    L’objectif était clair au départ, et malgré toutes les difficultés de cette utopique entreprise, il s’est encore affiné en cours de route, au fil des obstacles méthodologiques rencontrés que nos échanges ont permis de dépasser.

  • Catégories : Nos 21 : romans

    21 romans

    1. Gargantua (Rabelais)

    2. Candide (Voltaire)

    3. L'écume des jours (Vian)

    4. Belle du Seigneur (Cohen)

    5. Les Mémoires d'Hadrien (Yourcenar)

    6. Vendredi ou les limbes du Pacifique (Tournier)

    7. La montagne magique (T. Mann)

    8. Fictions (Borges)

    9. Les fleurs bleues (Queneau)

    10. Madame Bovary (Flaubert)

    11. Le Rouge et le Noir (Stendhal)

    12. Le Pendule de Foucault (U. Eco)

    13. Les particules élémentaires (Houellebecq)

    14. Voyage au bout de la nuit (Céline)

    15. Lolita (Nabokov)

    16. Portnoy et son complexe (P. Roth)

    17. Une vie (Maupassant)

    18. Chronique d'une mort annoncée (Marquez)

    19. Le rivage des Syrtes (Gracq)

    20. Loin de Chandigarh (T. Tejpal)

    21. Lord JIm (Conrad)

  • Bérénice (Racine)

    par Yves Gerbal

    Garder une seule pièce de Racine ! Quelle gageure ! 

    Pourquoi Bérénice ?

    Parce que jamais peut-être la langue de Racine n'a été à la fois aussi simple, aussi sobre, aussi pure, et aussi poétique. Parce qu'on peut y lire des alexandrins parmi les plus beaux de toute l'oeuvre du grand dramaturge ("Que le jour recommence, et que le jour finisse..."). Parce que c'est une tragédie où personne ne meurt. Parce que on ne s'en lasse pas. 

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